Week-end ambient #2 -
Superspectives x Groovedge

Depuis sa « découverte » par Brian Eno un beau jour de 1975, la musique ambient est un territoire sonore en constante expansion et aux frontières bien floues : de la playlist Relaxing chill out au paysage sonores bruts du field recording en passant par la musique expérimentale, c’est vrai qu’il y en a pour tous les goûts.
C’est que l’ambient, avant d’être un genre, est une idée que tout le monde peut s’approprier. C’est l’idée d’une musique discrète, suggestive et non narrative, qui laisse l’auditeur libre de déclencher l’écoute et de s’immerger dans un nouveau lieu de l’existence. C’est l’idée d’une musique qui ne se présente plus comme un événement séparé de la vie mais comme son milieu même : un environnement sonore qui se confond avec nos conditions d’existence pour embellir la vie et lui ouvrir de nouveaux horizons poétiques.
Au fond l’ambient est un idéal qui nous met au défi de l’utopie : celle d’une musique comme lieu (ou non-lieu) capable d’effacer les frontières entre l’art et la vie, comme lieu totalement ouvert, décloisonné, autorisant toutes les influences, tous les formats, tous les sons, toutes les conditions d’écoute, comme lieu d’expérimentation, d’émotion, d’émancipation, capable de rassembler au-delà des toutes les différences et de toutes les solitudes.
Pour retrouver le fil de cette utopie, on vous propose une immersion de deux jours dans les eaux profondes de l’ambient. Et comme on est jamais si bien entouré que par des amis (amenez les vôtres !), on a co-programmé tout le weekend avec Groovedge. Initialement shop de disquaire, rapidement transformée en maison de disque avec ses studios, labels, concerts, son festival, Groovedge est un lieu qui rassemble amis et acteurs de la scène alternative de Lyon et d'ailleurs. L'écurie expérimente et affectionne les interstices musicaux, ceux d'aucun rang, via l'interface des musiques psychédéliques, d'ambiances minimaliste et folklorique et des musiques de danse dont celle des clubs.
Il en ressort un programme exceptionnel, mêlant faune locale et artistes internationaux, à vivre sur deux jours comme un mini festival dans le festival (pass weekend disponible ici).

Artistes


Felicia Atkinson
Félicia Atkinson est née en 1981 à Paris et vit sur la côte sauvage de la Normandie. Elle compose de la musique depuis le début des années 2000.  Son nouvel album, Image Langage, sort le 24 Juin sur Shelter Press, le label qu'elle co-dirige avec Bartolomé Sanson depuis une dizaine d'années.
Elle a collaboré avec des musiciens tels que Jefre Cantu Ledesma, Christ Watson, Christina Vantzou et Stephen O'Malley, ainsi qu'avec les ensembles  Eklekto (Genève) et Neon (Oslo).
Elle s'est produite dans des salles et festivals tels que INA GRM/Maison de la Radio et la Philharmonie (Paris), Issue Project Room (NYC), le Barbican Center (Londres), Le Guess Who (Utrecht), Atonal (Berlin), Henie Onstad (Oslo), Unsound (Cracovie) et Skanu Mesz (Riga)... Son travail sonore a été sollicité par des cinéastes (Ben Rivers, Chivas de Vinck) et des maisons de couture (Prada, Burberry). Elle a exposé dans des musées, des galeries et des biennales, notamment la Biennale RIBOCA (Riga), Overgaden (Copenhague), BOZAR (Bruxelles), La Criée ( Rennes) , Kunsthaus Bethanien Kreuzberg (Berlin), l'Espace Paul Ricard (Paris) et MUCA ROMA (Mexico). Elle fait parties des lauréats du programme Mondes Nouveaux.

Pour Félicia Atkinson, les voix humaines habitent une certaine écologie à côté et au sein de bien d'autres choses qui ne parlent pas : paysages, images, livres, souvenirs, idées...
La compositrice électroacoustique et artiste visuelle française crée des oeuvres plastiques et sonores qui animent ces autres voix possibles en conversation avec la sienne, en associant des enregistrements de terrain, des instruments MIDI et des extraits poétiques en français et en anglais, des installations en  tissus, du dessins sur papier et toile, des sculptures en argile.
Atkinson utilise la composition musicale et l’installation plastique comme un moyen de traiter la vie imaginative et créative en créant une sorte d’atelier-monde, chez elle et dans les paysages qu’elle traverse.
Sa propre voix et gestes, toujours en mouvement pour faire de l'espace, peuvent murmurer en périphérie ou prendre le ton d'un autre personnage.
Ses compositions en strates racontent des histoires qui s'étirent et plient alternativement le temps et l'espace, des histoires dans lesquelles elle peut être la narratrice sans en être forcément la protagoniste.

Yannick Lestra Le travail de Yannick Lestra, pianiste et compositeur formé au classique puis au jazz au CNSM de Paris, s'inscrit dans différentes directions allant du jazz traditionnel à des esthétiques expérimentales, rock et free en menant de nombreux projets (Oko Oko, ODBE) et collaborations (Collectif Loo, Filippo Vignato…). Ces dernières années, il explore plus particulièrement les multiples possibilités sonores qu’offre le Fender Rhodes combiné aux pédales d'effets. Touché par les impressionnistes et le concept de paysage musical, son travail sur la matière sonore s'inspire d'artistes comme Debussy, Craig taborn, Morton Feldman, Jozef Dumoulin, Colleen ou de groupes tels que Deerhoof, Alas No Axis, Paradoxical Frog pour ne citer qu'eux. Ses collaborations l'ont amené à se produire régulièrement en France et à l'étranger.
Martin Vital Durand Martin est un esprit sur le qui-vive, autodidacte, musicien touche-à-tout et entre autre fervent joueur d'harmonium. Il pratique la musique pour cette sensation de spontanéité, privilégiant toujours l'instant, l'improvisation. Quelques sorties physique appuient son parcours, au-delà de ses activités au sein de Groovedge Records. Il proposera pour ce week-end ambient une oeuvre pour synthétiseurs et version réduite du cristal Baschet, amplifié et accompagné de de résonateurs en métal sur le principe de la « plate reverb » installée dans l'espace.
Irwin Barbé Irwin Barbé explore les zones frontières entre documentaire, fiction et abstraction à travers la photographie, la vidéo et le son. Son travail tissent des liens entre des univers hétérogènes : musique acousmatique et biomimétisme, psychédélisme et recherche astronomique, illusions sensorielles et urbanisme... Mais ces sujets apparemment antagonistes sont reliés par les questions qui en émergent : qu’est-ce qui nous unit aux environnements qui nous entourent? Quels types d’expériences unissent les gens entre eux ? Comment représenter à travers des procédés visuels et sonores différentes manières de percevoir le monde? À travers ses projets Irwin Barbé contemple ces énigmes et floute les frontières entre l’hallucination et le réel, l’humain et le non-humain, le naturel et l’artificiel.
MTUA Matthieu Reynaud est artiste compositeur et ingénieur du son. Depuis une dizaine d'années, il cultive une approche pluridisciplinaire du sonore. Il développe d’abord, sous l’alias My Thud Unite Area, une musique techno, mêlant transe et effets psychoacoustiques et s’ouvre rapidement à l’utilisation de microphones pour capter la matière première qu’il remanie. C’est sous le diminutif MTUA qu’il commence alors à explorer la musique acousmatique comme suite d’une réflexion de l’écoute dans les lieus de diffusions. Il organise alors des concerts dans des souterrains et autres espaces aux acoustiques particulières. Dans cette continuité, il co-crée le label et maison d’édition SILO en 2015.
Tomi Yard Sorcier sensible. Errances digressve à suivre sur Bandcamp, LYL, ou au hasard d’une rencontre en auto-stop.
François Mardirossian explore le répertoire pour piano et crée au passage quelques belles commandes du festival. Les Ogives de Satie, statiques et troublantes créent cette ambiance figée propre à ce courant. La nudité musicale et les accents médiévaux innervent la Prière et désespoir de Gurdjieff, ce mystique qui inspirera plus tard Alain Kremski dans sa pièce Le Collège des Bernardins. Avec Max Richter (On The Nature of Daylight) l’ambient se fait contemplatif comme chez Adrian Knight (Abide With Me). Le grand Harold Budd aux musique hors temps, avec cette splendide improvisation (Children On the Hill) qui inspirera à Kyle Gann sa propre oeuvre (commande de Superspectives) Trois Nocturnes Ambiants qui accompagnera deux autres créations, une d’Alice Orpheus (Elements) et une de François Mardirossian (Un début loin de la vie : 12 hommages). Sans oublier un des nouveaux maîtres du genre, Luke Howard et sa splendide pièce : August.
Camille Heim & Léo Danais Diplômée du Pôle Supérieur de Paris en harpe classique, Camille Heim a longtemps passé ses journées à l'étude du repertoire de la grande harpe et ses nuits dans les clubs de jazz ou elle se forge une culture exigeante de cette musique. Aujourd'hui elle mène de front plusieurs projets entre interprétation, improvisation et composition, passant de l'opéra au jazz moderne, du maloya aux expérimentations électroniques, un jour a la harpe classique, un autre a la harpe celtique ou plus récemment encore, sur sa harpe électro-llanera. Dans plusieurs projets, elle est accompagnée du batteur, percussionniste, bassiste et chanteur Léo Danais, dont le travail est résolument tourné vers l'improvisation et l'expérimentation sonore.

EOE - Extraterrestrial Organ Ensemble Essai de mise en équilibre autour de cet instrument trop souvent relégué au second rang, l'orgue électronique. Pour accentuer la manoeuvre, 70 doigts se pressent auprès des claviers avec l'intention d'un envol minimal, insoupçonné, abracadabrant !