Paradoxal, puisqu'en lieu et place des lions, kangourous et autres éléphants qui composent les 14 sections de cette "grande fantaisie zoologique", il s'agira cette fois, en autant de tableaux, de se mettre à l'écoute d'animaux nettement moins familiers mais beaucoup plus proches de nous, qui évoluent même sous nos pas et qui constituent cette espèce d'infra-monde animal refoulé jusqu'ici de tous les bestiaires musicaux : l'univers sonore fascinant, un peu menaçant certes mais surtout menacé, des insectes.
Insectophonie est donc un effort musical explicite pour donner une voix aux insectes qui n'en ont pas, ou du moins pas une qui ne soit assez bien accordée à nos tympans, pour les sortir du statut de bruit blanc dans lequel notre insensibilité les enferme trop commodément, et pour prêter une oreille enfin attentive à leur singulière musique.
Insectophonie est surtout le résultat du travail de deux musiciens d'horizons très différents, qui collaborent ici pour la première fois : Christian Zanési, célèbre compositeur de musique électroacoustique, directeur du GRM jusqu'en 2015 et infatigable passeur de sons, ayant formé toute une nouvelle génération de musiciens électroniques après avoir été lui-même élève de Pierre Schaeffer et de Guy Rebeil ; et Stéphane Orlando, pianiste et compositeur belge dont le travail tourne essentiellement autour de la musique à l'image et de l'improvisation. Pour la composition des textes, nous avons ont pu compter sur la collaboration du poète Yvan Tjolle.