Gavin Bryars, The Sinking Of The Titanic, Obscure Records, 1975.
Après une formation de contrebassiste jazz, Gavin Bryars étudie la musique minimaliste auprès de John Cage et Morton Feldman avant de se faire connaître du grand public avec l’album que nous mettons à l’honneur ici, The Sinking of Titanic, sorti en 1975 sur le label Obscure Records de Brian Eno. La pièce éponyme est reconnue comme un chef d’oeuvre de la musique ambient ou immersive. Et pour cause : c’est une longue évocation du naufrage du Titanic construite musicalement à partir des témoignages disponibles sur la catastrophe (on sait que l’orchestre a joué jusqu’au bout une pièce intitulée Autumn) jusqu’à la disparition totale du son (et de l’auditeur ?) sous les eaux.
La Face B vous fera découvrir l’une des oeuvres les plus émouvantes du répertoire minimaliste : Jesus' Blood Never Failed Me Yet (le sang de Jésus ne m’a jamais trahi). Gavin Bryars l’a construite à partir de ce refrain religieux, chanté à capella par un vieux sans abri, enregistré dans le cadre d’un documentaire sur les clochards du quartier de la gare Waterloo à Londres et bouclé pendant 25 minutes. Les treize mesures de ce refrain déchirant, entonné d’une voix fragile mais parfaitement juste, sont orchestrées de manière très progressive, avec autant de grandeur que de simplicité pour laisser passer toute l’émotion de Bryars devant la foi bouleversante de ce vieillard, qui n’avait plus que Jésus.