Virginia Astley -
From Gardens Where We Feel Secure (1983)

À l'écoute


Virginia Astley, From Gardens Where We Feel Secure, Rough Trade, Happy Valley Records, 1983.


Artiste culte en Angleterre, Virginia Astley n’est malheureusement pas très connue chez nous. Il faut dire qu’en occupant aujourd’hui l’essentiel de son temps à déclamer des poèmes sur la Tamise accompagnée par sa fille à la harpe dans un cottage anglais, elle nous laisse peu d’ouverture.
Et pourtant ! On peut dire que tout ce qu’elle a fait est intéressant. Ses débuts dans le rock alternatif avec Siouxsie and the Banshees et les Ravishing Beauties, ses succès pop avec le magnifique « Love’s a Lonely Place To Be » (mais quelle voix !), ses collaborations plus expérimentales avec le poète Richard Jobson, Jocelyn Pook (souvenez-vous Eyes Wide Shut) ou encore Ryuichi Sakamoto. Tout est intéressant. Mais le plus bel album est sans aucun doute celui que nous vous ferons découvrir cet été sur les terrasses de la Maison de Lorette, bercés par le vent, à l’ombre des grands arbres des jardins du Rosaire, un verre à la main. C'est sans doute son oeuvre la plus personnelle, qui est bien évidemment aussi la plus anglaise et la plus universelle. C'est From Gardens Where We Feel Secure.
On perdrait son temps à vouloir trop définir ce type de musique qui emprunte autant à George Martin qu'à Debussy, Satie, Eno ou Britten. Il s'y passe autant de choses que lors d'une journée d'enfance à la campagne (anglaise). On ne peut mieux définir cette musique au fond que par  le lieu d’où elle nous vient : c’est la musique du jardin de notre enfance, celle de nos étés interminables, de notre innocence et des rires, des rêves éveillés, des fleurs toujours nouvelles et des pieds dans l’herbe. C’est la musique de notre lointaine appartenance à un jardin qui n’est peut-être pas tout à fait perdu et qui est somme toute resté notre plus bel horizon.