Requiem pour Olivier -
Hommage à Olivier Greif

L'intensité mise à nue

« Je ne compose que pour toucher, pour émouvoir, pour bouleverser, pour élever, pour charrier à terre.»
Voilà le programme d’Olivier Greif, un de nos grands compositeurs français disparu subitement à 50 ans en l'an 2000. Figure fascinante de la musique qui s’est autant nourri du jazz, des musiques mystiques indiennes, du minimalisme et de la grande tradition française, Olivier Greif nous offre une musique qui ne laisse pas indemne et qui résonne en nous longtemps après s’être tue. Jeune prodige tant en composition qu'en piano, il part rapidement du Conservatoire de Paris et se perfectionne à New York auprès du compositeur Luciano Berio et devient son assistant. Ses oeuvres sont loin des guerres d'écoles qui étouffent la musique contemporaine européenne. Au fond il est plus proche d'un Chostakovitch que d'un Boulez. Il cesse de composer pendant une dizaine d’années pour se consacrer à une “recherche spirituelle” auprès d’un maître indien établi à New York. À partir de 1991, il revient à la musique avec des oeuvres d'un intensité inouïe où sont évoqués des sujets qui ont marqué son enfance : la guerre, la déportation de son père à Auschwitz, la disparition d’une grande partie de sa famille dans les camps.
Comme cette oeuvre imposante et déjà classique nous paraît indissociable de la forte personnalité - et si attachante ! - d'Olivier Greif, nous avons demandé au poète Pascal Riou de proposer une lecture d'extraits de son fascinant Journal, pour introduire à l'écoute des deux chefs-d'oeuvres au programme de cette soirée :
Au programme : les Chants de l’Âme - considéré comme son chef-d'oeuvre - sont un cycle de neuf mélodies pour voix et piano, écrites (à l’exception de la première qui s’appuie sur un texte de William Blake) sur des vers de poètes anglais des XVIème et XVIIème siècles. Il s’agit essentiellement de méditations sur la mort : non point qu’il y ait ici la moindre complaisance morbide, mais plutôt la volonté de montrer la mort comme celle qui, étant l’aboutissement de toute vie, lui donne sens.
"La Sonate de Requiem pour violoncelle et piano quant à elle est une autre méditation sur la mort, vue sous trois aspects principaux. En premier, la mort comme perte. Perte de la vie pour celui qui s’en va, perte de l’être cher pour ceux qui restent. En second, la mort comme voyage. L’âme du défunt, quittant peu à peu les « régions terrestres » (dont elle discerne encore les musiques), traverse les plans successifs de conscience qui la séparent de son séjour ultime. Enfin la mort comme contemplation. L’âme, arrivée au terme de son ascension, fait face à sa Source et s’y laisse absorber". (Citation d'Olivier Greif).

Programme :
Sonate de Requiem pour violoncelle et piano d'Olivier Greif
Chants de l’Âme pour voix et piano d'Olivier Greif
D'une douleur muette de Thierry Escaich (trio en hommage à Olivier Greif)
 
Lucie Roques piano Estelle Lefort soprano Pierre Sutra violoncelle