Música callada (littéralement : musique qui se tait) est un cycle de 28 miniatures pour piano du compositeur catalan Federico Mompou, composé en l'espace de seize ans, de 1951 à 1967 et publié en quatre cahiers, de 1959 à 1976. L'œuvre est considérée comme le chef-d'œuvre du musicien qui lui-même pensait qu'elle contenait « l'essentiel de sa conception esthétique ». Ce titre, qu'il explique dans la préface, est puisé dans un poème de Saint-Jean de la Croix (Le Cantique spirituel) :
« Il est assez difficile de traduire et d'exprimer le vrai sens de « Música callada » dans une langue autre que l'espagnole. Le grand poète mystique, San Juan de la Cruz, chante, dans ses belles poésies : « la música callada, la soledad sonora », cherchant à exprimer ainsi l'idée d'une musique qui serait la voix même du silence. La musique gardant pour soi sa voix « callada », c'est-à-dire « qui se tait » pendant que la solitude se fait musique. »
Mompou est un musicien du silence et sa personnalité tout en retrait se reflète dans ses compositions - souvent pour piano. Son tempérament timide, tout imprégné des souvenirs d'enfance et exprimé en mélodies aussi limpides que lapidaires, innerve tout son art. Malgré son minimalisme revendiqué et sa discrétion totale, Mompou demeure un pianiste de la lignée de Chopin, de Debussy et de Scriabine qui aura su frayer sa propre voie, si originale, au beau milieu d'un vingtième siècle radical qui foisonnait d'écoles. Que ceux qui ont des oreilles entendent !
Au piano : Thibaut Crassin