Camille vous propose une immersion passionnée dans ce qu'on pourrait appeler le répertoire underground de la musique pour harpe. Instrument angélique et spirituel par excellence, la harpe a logiquement souffert plus qu’aucun autre instrument de nos malentendus sur les anges —est-on bien sûr qu’ils ressemblent à ces affreux bambins rieurs et joufflus ? —et sur la spiritualité, dont rien ne garantit au fond qu’elle se confonde avec la mièvrerie la plus plate
À rebours de cette image de sentimentalité gracieuse mais un peu fade léguée par la musique galante du XVIIIe siècle, c’est souvent en dehors des sentiers de la musique classique que la harpe aura le plus renoué avec son antique vocation : porter les chants et les cris des hommes sinon jusqu’à Dieu du moins de telle sorte qu’un dieu puisse les entendre.
On y écoutera évidemment beaucoup de Dorothy Ashby, à qui on emprunte temporairement ce beau titre de Hip Harp (un album de 1958 !), et d'Alice Coltrane. Mais aussi des harpistes jazz moins connues comme Betty Glamann. On découvrira la magnifique pièce de Carlos SalzedoScintillations (inspiration méconnue de John Coltrane et des fameux sheets of sound), la harpe aztèque de Tino Contreras, la rencontre de la harpe et du gamelan chez Lou Harrison et la begena éthiopienne accompagnant les psaumes sublimes de Sosena Gebre Eyesus (que vous aurez la chance de déccouvrir sur scène le 10 juillet !).
En conclusion de ce mix, on vous propose l’écoute intégrale de l’une des plus belles sorties spiritual jazz de l’année, bien emblématique de ce répertoire : le merveilleux album du bassiste Dezron Douglas et de la harpiste Brandee Younger, Force Majeure, issu de leurs sessions de confinement !